Une bonne raison de tomber amoureux(se) de Tété

Publié le par Crall

 

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Aujourd’hui lumière sur un artiste dont les tribulations vocalo-musicales sont une véritable source d’émotion et de (ré)jouissance : Tété !


Roulant sa bosse depuis plus de dix ans dans le paysage incroyablement bancal de la chanson française, Tété n’est pas pour autant, hélas,  omniprésent dans celui de nos ondes radiophoniques chéries (FM). La faute à qui ? Personne certainement, ainsi va la vie… Heu en fait si, la faute probablement à un formatage (inter)national consistant à ne diffuser que des brailleurs pré-pubères issus d’autres continents ou de somptueux nouveaux talents tout beaux tout chauds, à peine sortis de leurs usines « Académyque ». Grrr ça va mieux…


Si son premier album, intitulé Préambule sort dès 2000 et lui vaut la reconnaissance de la profession (dont une nomination aux victoires de la musique), ce n’est que trois ans plus tard que l’ami Tété (du petit déjeuner) se fera connaître du grand public avec une chanson qui donna le frisson à toute une génération de jeunes actifs –parfois  « passif »  peut-être- : à la faveur de l’automne.


Comment oublier ce black aux dreadlocks bien virils, qui parlait d’une saison déprimante avec des yeux tristounets alors que ses dents n’étaient que bonheur, et  s’affublait de lunettes  qu’on cessa (judicieusement) de porter dès la fin des années 80 ?! Souvenirs en images :l

 

 

 


Si la chanson fut un véritable succès populaire, Tété n’est pourtant pas  à l’heure actuelle ( 21H06) la coqueluche incontestée du public français. Est-ce un bien ou un mal ? La reconnaissance, la vraie valorisation du travail d’un artiste passe-t-elle plus par sa médiatisation ou le nombre de ses ventes que par le nombre de ses concerts ? Car Tété est peut-être  d’avantage le Molière de son époque, un itinérant trouvant public où qu’il aille, que l’auteur d’un Andromaque encré dans le classicisme d’une cours royale où, seul le roi audience et ses fidèles médias jouissent du plaisir de son œuvre.


À l’image de ce bon vieux Jean-Baptiste le chanteur sait malgré tout se faire remarquer du monarque TV comme en témoigne son récent passage en 2010 dans On n’est pas couché, instant durant lequel MM Zemmour et Naulleau, maîtres incontestés mais contestables de la critique  (à croire qu’il ne faut aimer ce qui rentre dans ses goûts personnels pour être un bon critique…) ont curieusement délaissés la tronçonneuse pour un petit martinet de rien du tout :

 

 

 

Tété revenait alors avec de nouveaux attributs capillaires et surtout un album plutôt étrange, mêlant habilement la langue de Momo (mais oui, mais oui !) à ses inspirations blues et jazziques. Le Premier clair de l’aube fut l’occasion d’entendre quelques morceaux étranges sur nos radios tels que Le bal des boulets ou l’Envie et le dédain. Deux chansons étranges comme l’album en vérité, car les mots semblent au premier abord n’y avoir aucun sens. Or ce n’est pas le cas.


Loin de se contenter d’écrire des paroles en l’air, l’artiste sait manier les impressions. À coups de petites notes de musique, son pointillisme produit de formidables tableaux dans lesquels la perception n’est que le reflet de celui qui les contemple : Il parvient à toucher le cœur de ceux qui l’écoutent, en titillant ce qu’ils ont au plus profond d’eux même. Qu’on se le dise, « non !  Tété ne s’est pas égaré dans le n’importe quoi (inutile du coup de lui dire «Tété où ? ») ! » 


 L’exemple le plus frappant de sa réussite est  un bijou qui en temps normal se passerait de mots, mais qui pour le coup va devoir en supporter l’outrage. La chanson, intitulée « le premier clair de l’aube » (comme l’album tiens !) souffle un vent d’émotion comme il est rare d’en humer. La voix est émouvante, les propos ont des contours indéterminés mais ils captent les sens comme rarement. Il n’est pas commun de nos jours qu’un grand nombre de personnes pleurent en entendant autre chose qu’une mauvaise nouvelle (ou un album de BOOBA) : Tété fait partie de ces êtres qui font mentir les statistiques et, en voici la preuve :

 

 

Alors, qui est amoureux?

 

Crall

Publié dans Musique

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